Messages et photos coquins, vidéos, sites porno : nos appareils numériques regorgent de contenus sexuels. Pourtant, l’intimité sexuelle dépend du respect et de la confiance, en ligne ou dans la vraie vie. L"envoi de contenu sexuel n’est jamais une obligation, c’est un choix personnel, dont vous devez discuter avec la personne concernée pour fixer les limites.

En revanche, un partenaire abusif peut insister pour vous demander du contenu sexuel.

Il peut soutenir que c'est "normal" dans une relation ou vous "faire honte" si vous hésitez. Un partenaire dans le contrôle peut devenir une menace si ses demandes ne sont pas satisfaites, refus de votre droit à l’intimité, isolement ou contraintes sexuelles à la clé.

Une fois un contenu sexuel créé, il devient extrêmement difficile de le contrôler. Même si l'original est supprimé, une simple capture d'écran permet de le copier. Aucun consentement n'est nécessaire pour partager du contenu sexuel sur les réseaux sociaux, les forums et les sites Web pornographiques.

Beaucoup de gens, principalement des hommes, ne voient "rien de grave" dans le partage de contenu sexuel impliquant leur partenaire avec leurs amis. La triste réalité, c’est que si une autre personne a accès à votre contenu sexuel, vous n'en avez plus du tout le contrôle.

Partager un média à caractère intime est une question de confiance et les stratégies de cybersécurité ne suffisent pas à vous protéger. Que le média ait été créé de façon tout à fait volontaire ou sous la contrainte, vous avez toujours droit à une intimité.

Messages, photos ou vidéos coquins sont enregistrés dans plusieurs endroits : en tant que fichiers sur votre téléphone ou ordinateur, fans les applications qui ont accès à vos fichiers, sur le cloud ou autres solutions de sauvegarde, sur les sites sur lesquels le contenu est partagé...

Logiquement, tout contenu sexuel envoyé à une autre personne est par conséquent enregistré sur ses propres appareils, ses applications, son cloud ou ses environnements Web. Même si vous supprimez le contenu à un endroit, il peut donc toujours exister ailleurs.

Pour protéger votre contenu sexuel, vous devez savoir où les données sont stockées. Choisissez les applications autorisées à contrôler vos médias et sécurisez vos appareils et comptes. Vous pouvez omettre les stratégies suivantes si elles ne vous semblent pas sécurisées. Si votre partenaire est réceptif, encouragez-le à les adopter.

Toute personne possédant le mot de passe de votre téléphone portable ou de votre ordinateur peut potentiellement accéder à vos contenus à caractère sexuel. Un mot de passe de plus de 6 chiffres est suffisamment robuste pour éviter qu'on ne fouille dans votre téléphone. Sur un site Web, utilisez une phrase secrète comme mot de passe telle que "LaveVaisselleVioletPatate" pour avoir moins de chance d’être piratée.

Dans tous les cas, appliquez au moins les conseils de la stratégie de défense SÉCURISER SES COMPTES.

De même, aucune application ne sécurise totalement le partage de contenu sexuel. Même sur les applications de "courte durée" comme Snapchat, il est très facile pour votre partenaire de faire des captures d’écran ou d’installer un logiciel sauvegardant vos snaps.

Faites attention aux autorisations des applications : vous pouvez supprimer ou désactiver l'accès à vos contenus individuellement pour chaque application. Par exemple, vous pouvez empêcher une application de jeu vidéo lambda d'accéder à vos photos intimes.

Vous pouvez réduire les risques en choisissant des applications protégées par mot de passe qui ne sauvegardent pas sur le cloud et, ne partagent rien entre différents appareils. L’application de messagerie SIGNAL est un bon choix : vos messages et photos sont chiffrés pour que seuls vous et votre destinataire puissiez y accéder.

Vous pouvez configurer un mot de passe unique à Signal. Vous pouvez supprimer l’intégralité de vos conversations (attention, le destinataire a toujours la possibilité de les enregistrer d'une manière ou d'une autre). L'absence de stockage sur le cloud évite par ailleurs que vos messages ne soient piratés ou divulgués mais même si Signal est bien plus sûre que les applications de messagerie standards, elle n'est pas à toute épreuve.

Il est probable que vos messages, photos et vidéos soient automatiquement sauvegardés sur le cloud. Les supprimer sur votre appareil ne veut pas dire qu'ils seront supprimés sur le cloud. Lorsque vous créez du contenu sexuel, essayez d’utiliser des applications qui ne sauvegardent rien sur le cloud ou dont les sauvegardes sont désactivées.

Sécurisez votre cloud en choisissant un mot de passe robuste, comme indiqué dans la stratégie de défense SÉCURISER SES COMPTES pour réduire les risques de piratage, en gardant à l'esprit que l'Authentification à deux facteurs offre encore plus de sécurité.

Dès que vous partagez du contenu sexuel sur un site Web, qu’il s’agisse d’un fournisseur de messagerie, d’un forum ou d’un site de rencontre, il peut être partagé par une autre personne. Il ne reste plus qu'à prier pour que le site Web ne soit pas piraté, que ses employés ne consulteront pas secrètement le contenu des utilisateurs et que vos données ne seront pas revendues.

Il est notoirement difficile d’arrêter la diffusion de contenu sexuel sur les sites Web pornographiques, dont le contenu est régulièrement téléchargé par les utilisateurs et distribué sur des sites concurrents.

Vous pouvez au moins sécuriser votre compte pour empêcher des personnes malveillantes de visionner facilement ce que vous partagez. Ici aussi, les stratégies de défense SÉCURISER SES COMPTES et Authentification à deux facteurs s'avèrent indispensables. Nous vous conseillons également de supprimer les anciens comptes que vous n’utilisez plus, surtout si vous avez réutilisé leurs mots de passe ailleurs.

De nombreux sites Web sont dédiés au partage de pornographie amateur : il est rare qu’on vérifie le consentement des parties impliquées. Certains sites Web, comme les sites de "vengeance pornographique", encouragent explicitement le partage de contenus sans consentement, réels ou fictionnels.

Cette pratique est non seulement répréhensible mais surtout hautement illégale et immorale !.

Votre partenaire peut avoir plusieurs raisons pour prendre ce risque : nuire à votre réputation, renforcer un sentiment de pouvoir ou vous contraindre à le contacter. Le contenu peut aussi être sexuellement gratifiant pour lui.

Quelles que soient ses motivations, ce comportement est inacceptable, point.

Il est difficile de savoir si votre contenu sexuel a été partagé en ligne par malveillance. Vous aurez peut-être des surprises en cherchant sur les sites Web pornographiques populaires mais le volume est tel qu'il est impossible de tous les passer au peigne fin.

Souvenez-vous que ce n'est pas à vous de vérifier que vous n'apparaissez nulle part. Si vous cherchez, c'est que vous n'avez pas confiance en votre partenaire. C'est à lui de ne pas le partager !

Si vous vous rendez compte que votre contenu sexuel est partagé sur un site Web, vous devez d’abord recueillir des preuves. Partager de la pornographie sans consentement est une violation du droit civil, mais les preuves sont cruciales pour intenter une action en justice.

Vous devez ensuite contacter le site Web pour qu’il supprime le contenu. Sur son site Stop-Cybersexisme.com, le Centre Hubertine Auclert offre des ressources approfondies pour recueillir des preuves, supprimer les contenu et porter plainte. On peut notamment accéder à un tableau récapitulatif complet et clair des dernières lois adoptées pour lutter contre le partage non consenti de contenus à caractère sexuel et les peines encourues selon la gravité des actes constatés.

Ne relâchez pas votre vigilance !

Même si téléphones portables et Internet fourmillent d'applications et de sites de nature sexuelle, vous pouvez prendre des mesures pour protéger vos messages, photos et vidéos coquines et empêcher que quelqu’un s’en serve contre vous comme d’une arme.

Si vous le pouvez, établissez les limites pour instaurer une relation de confiance avec votre partenaire mais n'en sécurisez pas moins vos appareils électroniques, applications, comptes sur le cloud et sur les sites Web pour éviter tout accès malveillant à vos contenus privés.

Si votre contenu sexuel est partagé en ligne sans votre consentement, vous pouvez prendre des mesures pour le supprimer des plateformes et même si vos données ne sont jamais totalement sécurisées, la protection des données à caractère personnel est réglementée et passible de sanctions.